Theory and History of Ontology (www.ontology.co)by Raul Corazzon | e-mail: rc@
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This part of the section History of the Doctrine of Categories includes the following pages:
The Doctrine of Categories from an Historical Perspective
Semantics and Ontological Analysis in Aristotle's Categories
Aristotle's Categories. Annotated bibliography of the studies in English:
Bibliographie des études en français sur les Catégories d'Aristote A - F (Current page)
Bibliographie des études en français sur les Catégories d'Aristote G - Z
Bibliografia degli studi italiani sulle Categorie di Aristotele
Bibliographie der deutschen Studien zur Aristoteles Kategorien
Bibliografía de estudios en español y portugués sobre las Categorías de Aristóteles
The Stoic Doctrine of Supreme Genera (Categories)
Bibliography on The Stoic Doctrine of Supreme Genera (Categories)
Plotinus' Criticism of the Doctrine of Categories (Enneads VI, 1-3)
Selected bibliography on Plotinus' Criticism of the Doctrine of Categories
Ancient Greek Commentaries on Aristotle's Categories
Selected bibliography on the Ancient Greek Commentaries on Aristotle's Categories
Index of the Pages on Ancient Philosophy until Hellenistic Period
Aristotle's Doctrine of Categories: annotated bibliography of the studies in English: Complete PDF Version on
the website Academia.edu
Achard, Martin. 2000. "Tradition et histoire de l'Aristotélisme. Le point de vue des indices externes dans le problème de l'authenticité du traité des Catégories." Laval Théologique et Philosophique no. 56:307-351.
Résumé : "Un examen critique des indices externes mis de l'avant pour défendre l'authenticité des Catégories ne permet pas de conclure de façon positive. On trouvera ici un résumé de l'état de la question de ce point de vue externe, plutôt qu'une analyse du contenu du traité qui seule pourrait faire avancer le débat."
Aubenque, Pierre. 1962. Le problème de l'être chez Aristote. Éssai sur la problématique aristotélicienne. Paris: Presses Universitaires de France.
"Notre ambition est simple et se résume en peu de mots : nous ne prétendons pas apporter du nouveau sur Aristote, mais au contraire tenter de désapprendre tout ce que la tradition a ajouté à l 'aristotélisme primitif. On pourrait sourire de cette prétention et n' y voir que la fausse modestie de tout interprète, toujours préoccupé d 'annoncer qu'il va laisser parler son auteur. Mais cette volonté de dépouillement et de retour aux sources a, lorsqu 'il s' agit d'Aristote, un sens précis. Ce n 'est pas ici le lieu de rappeler dans quelles conditions, de mieux en mieux dégagées par l 'érudition contemporaine (3) , l 'oeuvre d 'Aristote a été transmise à la postérité.
Mais il n'est pas indifférent, même et surtout pour la compréhension philosophique, d'avoir touj ours présentes à l'esprit les circonstances particulières de cette transmission : l 'Aristote que ous connaissons n 'est pas celui qui vivait a u ive siècle av. J .-C., philosophe philosophant parmi les hommes, mais un Corpus plus ou moins anonyme édité au 1er siècle av. J .-C. Il n 'est pas surtout que, dans l'ignorance de la chronologie, nous ayons décidé d 'envisager ces écrits comme s' ils étaient contemporains les uns des autres et que nous ayons entrepris d ' en dégager une doctrine commune : il va de soi que notre compréhension du kantisme en eût été singulièrement altérée et probablement affadie. Une première conclusion s'impose, qui va à l 'encontre d'une erreur d'optique largement répandue : les commentateurs, même les plus anciens, et même s'ils avaient en leur possession des textes que nous avons perdus depuis lors, n'ont par rapport à nous aucun privilège historique. Commentant Aristote plus de quatre siècles après sa mort, séparés de lui non par une tradition continue, mais par une éclipse totale de son influence proprement philosophique, ils n'étaient pas mieux placés que nous pour le comprendre. Comprendre Aristote autrement que les commentateurs, même grecs, ce n'est donc pas nécessairement le moderniser, mais peut-être s'approcher davantage de !'Aristote historique." (pp. 3-4. deux notes omises)
(3) Cf. surtout P. Moraux, Les listes anciennes des ouvrages d'Aristote, Louvain, 1951.
———. 1967. "Aristote et le langage." Annales de la Faculté des Lettres d'Aix no. 43:85-105.
Avec une "Note annexe sur les Catégories d'Aristote. Á propos d'une article de M. Benveniste" (pp. 103-105), sur Émile Benveniste, Catégories de pensée et catégories de langage, Études Philosophiques, 4, 1958.
Repris dans: P. Aubenque, Problèmes aristotéliciens. I. Philosophie théorique, Paris, Vrin 2009, pp. 11-30.
"L’étude ci-dessus était entièrement rédigée lorsque nous avons pris connaissance d’un important article de M. E. Benveniste sur «Catégories de pensée et catégories de langage », qui nous avait échappé lors de sa première publication (Études philosophiques, n° 4,1958) et qui vient d’être reproduit dans un ouvrage du même auteur, Problèmes de linguistique générale (Paris, 1966, p. 63-74). Dans cette étude, l’éminent linguiste veut montrer, en prenant comme exemple la liste des dix catégories d’Aristote, que des catégories qui se donnent pour des « catégories de pensée », donc pour des «catégories universelles», sont, en réalité, quoique de façon «inconsciente» (p. 63), des «catégories linguistiques», lesquelles sont toujours « catégories d’une langue particulière» (p. 65): ainsi, «Aristote, raisonnant d’une manière absolue, retrouve simplement certaines des catégories fondamentales de la langue dans laquelle il pense » (p. 66)." (p. 26)
(...)
"Le langage est avant la lettre pour Aristote l’équivalent de ce que Kant appellera le « transcendantal » et quel’ auteur de la Critique de la Raison pure aura peut-être le tort de vouloir chercher dans une pensée qui serait en deçà du langage - comme si une telle pensée existait. En tout cas, lorsque M. Benveniste dit des «penseurs grecs» que «les catégories [grammaticales] qu’ils ont instaurées (nom, verbe, genre grammatical, etc.) reposent toujours sur des bases logiques ou philosophiques» (p. 19), nous ne pouvons pas le suivre, dans l’exacte mesure où lui-même nous montre que la philosophie grecque des catégories et la logique grecque de l’attribution tirent leur substance de leur substrat linguistique. En fait, la grammaire grecque dérive bien de la logique et de la philosophie, mais d’une logique et d’une philosophie qui, chez Aristote du moins, sont une réflexion sur le langage. C’est ce mouvement qui, du langage spontané, conduit par la philosophie à son « administration » par la logique et la grammaire, que nous avons essayé de décrire chez Aristote." (p. 29)
———, ed. 1980. Concepts et catégories dans la pensée antique. Paris: Vrin.
Table de matières : Pierre Aubenque : Preface VII-XIV; I. Denis O'Brien : Bibliographie annotée des études principales sur les Catégories d'Aristote (1794-1975) 1; Bertrand Dumoulin : Sur l'authenticité des Catégories d'Aristote 23; II. Jean-François Courtine : Note complémentaire pour l'histoire du vocabulaire de l'êtr e: les traductions latines d'ousia et la comprehénsion romano-stoïcienne de l'être 33; Denis O' Brien : Quantité et contrariété : une critique de l'école d'Oxford 89; Françoise Caujolle-Zaslawsky : Les relatifs dans les Catégories 167; Michel Narcy : Qu'est-ce une figure? Une difficulté de la doctrine aristotélicienne de la qualité (Catégories 8, 10b 26 - 11a 14) 197; Philippe Hoffmann : Les catégories pou et pote chez Aristote et Simplicius 217; Lauri Routila : La definition aristotélicienne du temps 247; Nicolas Vamvoukakis : Les catégories aristotéliciennes d'action et de passion vues par Simplicius 253; Jean Pépin : Clément d'Alexandrie, les Catégories d'Aristote et le fragment 60 d'Héraclite 271; III.Rémi Brague : De la disposition. A propos de diathesis chez Aristote 285; Pierre Hadot : Sur divers sens du mot pragma dans la tradition philosophique grecque 309; Alexandre J.-L. Delamarre : La notion de ptôsis chez Aristote et les Stoïciennes 321; Index des passages cités 347; Index des noms propres 355.
"Les études ici rassemblées sont issues des travaux du Centre de recherches sur la Pensée antique de l’Université de Paris-Sorbonne (Centre Léon-Robin), laboratoire associé au C.N.R.S. Elles s’inscrivent dans un projet d’ensemble, qui vise à dégager les interférences entre pensée et langage dans le monde antique. Il nous a semblé que la question devait être envisagée d’abord à propos des catégories, ces concepts généraux qui organisent la perception et la compréhension que nous avons des choses et du monde et dont on peut se demander s’ils sont des structures universelles de toute pensée ou s’ils sont liés aux particularités sémantiques ou syntaxiques d’un système linguistique déterminé." (Préface, VII)
(...)
"Dans le séminaire qui est à l’origine des contributions qu’on lira ci-dessous, nous avons pris pour base le texte du traité aristotélicien des Catégories et son commentaire par Simplicius, lequel nous a du reste amenés à étendre nos recherches du côté du néoplatonisme. Après une bibliographie critique due à D. O’Brien et une étude de B. Dumoulin, qui s’interroge sur l’authenticité aristotélicienne du traité des Catégories, on trouvera dans ce recueil des études consacrées à chacune des principales catégories : l’essence et ses traductions latines (J. F. Courtine), la quantité (D. O’Brien), la relation (F. Zaslawsky), la qualité (M. Narcy), l’action et la passion (N. Vamvoukakis), le lieu et le temps (Ph. Hoffmann et L. Routila). Une étude qu’a bien voulu nous confier J. Pépin éclaire ensuite, sur un point particulier, la postérité des catégories aristotéliciennes.
A la façon dont le traité des Catégories se termine par des « Post-prédicaments », nous avons joint à ce recueil trois études portant sur des notions générales et difficilement définissables, liées d’une façon ou d’une autre à la problématique des catégories, et dont l’examen autorise d’intéressantes comparaisons entre l’aristotélisme et d’autres doctrines, notamment le stoïcisme : il s’agit des notions de pragma (P. Hadot), de diathesis (R. Brague) et de ptôsis (casus) (J. L. Delamarre)." (Préface, XIV)
———. 1980. "Pensée et langage chez Aristote. À propos des Catégories." In Concepts et catégories dans la pensée antique, edited by Aubenque, Pierre, VII-XIV. Paris: Vrin.
Repris dans P. Aubenque, Problèmes aristotéliciens. Philosophie théorique, Paris: Vrin 2009, pp. 31-38.
"La question des rapports entre la pensée et le langage s’est cristallisée dans l’Antiquité autour de la notion de catégorie. Cette expression désigne à partir d’Aristote les concepts généraux qui organisent la perception et la compréhension que nous avons des choses et du monde. Certes, de tels concepts apparaissent à Aristote comme des catégories objectives de l’être et non comme des catégories subjectives de la pensée. Mais cette opposition n’est pas aussi tranchée qu’il y paraît, car les catégories sont d’abord et avant tout des catégories du langage. Or il est permis aujourd'hui de se demander, avec les progrès de la linguistique et de la philosophie comparée, si les catégories aristotéliciennes sont des structures universelles de toute pensée, universelles parce que reflets objectifs de la réalité, ou si elles sont liées aux particularités contingentes, tant syntaxiques que sémantiques, d’un système linguistique déterminé.
Pour apporter quelques éléments de réponse à cette question, on voudrait ici, sinon esquisser une histoire de la doctrine des catégories, du moins indiquer quels problèmes d’interprétation ont été soulevés à leur propos dès l’Antiquité et montrer comment cette problématique traditionnelle s’est enrichie depuis le xixe siècle de perspectives nouvelles." (p. 31)
Barnes, Jonathan. 2005. "Les Catégories et les catégories." In Les Catégories et leur histoire, edited by Bruun, Otto and Corti, Lorenzo, 11-80. Paris: Vrin.
"Bien que maintes préfaces affirment le contraire, les actes d’un colloque ne constituent jamais un livre. Les Actes du Colloque de Genève ne font pas exception: même si un thème commun les unifie, ils ne racontent pas une histoire linéaire. C’est pourquoi nous avons ajouté aux Actes une longue introduction. Ce chapitre, Les Catégories et les Catégories, de la plume de Jonathan Bames, vise à esquisser, dans ses grandes lignes, l’histoire des Catégories d’Aristote et de la théorie aristotélicienne des Catégories, et d’y encadrer les différents épisodes décrits par chacun des chapitres suivants. Un lecteur qui voudrait lire ce volume comme on parcourerait un livre pourrait donc suivre le texte de l’introduction, tout en y intercalant les chapitres là où une note en bas de page les mentionne. L’index nominum et rerum, l’index locorum et la bibliographie, qui se trouvent à la fin de ce volume et qui s’appliquent à tous les chapitres, lui permettront d’établir d’autres liens entre eux." (Préface, p. 7)
Benveniste, Émile. 1958. "Catégories de pensée et catégories de langue." Les Études Philosophiques no. 13:419-429.
Repris dans: É. Benveniste, Problèmes de linguistique générale, Paris: Gallimard, 1966, pp. 63-74.
Translated in English as Categories of Thought and Language, by Mary E. Meek in: Problems in General Linguistics, Coral Gables: University of Miami Press, 1971, pp. 55-64.
"Tout en admettant que la pensée ne peut être saisie que formée et actualisée dans la langue, avons-noue le moyen de reconnaître à la pensée des caractères qui lui soient propres et qui ne doivent rien à l'expression linguistique ? Nous pouvons décrire la langue our elle-même. Il faudrait de même atteindre directement la pensée. S'il était possible de définir celle-ci par des traits qu lui appartiennent exclusivement, on verrait du même coup comment elle s'ajuste à la langue et de quelle nature sont lrurs relations.
Il semble utile d'aborder le problème par la voie des « catégories » qui apparaissent en médiatrices. Elles ne présentent le même aspect suivant qu'elles sont catégories de pensée ou catégories de langue. Cette discordance même pourrait nous éclairer sur leur nature respective.
(...)
"Or, nous avons la bonne fortune de disposer de données qu'on dirait prêtes pour notre examen, élaborées et présentées de manière objective, intégrées dans un ensemble connu : ce sont lea catégories d'Aristote."
(...)
"Aristote pose ainsi la totalité des prédicats que l'on peut affirmer de l'être, et il vise à définir le statut logique de chacun d'eux. Or, il nous semble - et nous essaierons de montrer - que ces .distinctions sont d'abord des catégories de langue, et qu'en fait Aristote, raisonnant d'une manière absolue, retrouve simplement certaines des catégories fondamentales de la langue dans laquelle il pense. Pour peu qu'on prête attention à l'énoncé des catëgories et aux exemples qui les illustrent, cette interprëtation, non encore proposée apparemment, se vérifie sans longs commentaires. Nous passons en revue successivement les dix termes." (pp. 65-66)
Bernier, Réjane. 1999. "La quantité chez Aristote : son rôle en physique, mathématique et métaphysique." Archives de Philosophie no. 62:595-637.
Résumé : "L'article présente d'abord quelques considérations épistémologiques et rappelle que, pour Aristote, le principe de connaissance de la quantité est le sens commun qui regroupe et unifie les données des sens propres relativement à chacun de leurs objets. Par la suite, l'étude analyse les différents modes de quantité : discrète et concrète et montre que, en physique, c'est surtout la quantité concrète qui joue un rôle dans l'être matériel en étant à l'origine des déterminations des espèces de qualités : 1) états - dispositions et aptitudes - inaptitudes ; 2) qualités sensibles ; 3) forme-figure. L'article soulève les difficultés du passage de la physique à la mathématique et recherche la nature de la quantité utilisée en géométrie. En dernier lieu, il propose une réflexion sur l'être de la quantité et signale les difficultés soulevées par la considération d'une part, de la quantité comme accident proposée dans les Catégories et d'autre part, de celle de la matière composante de la substance de la théorie hylémorphique. L'étendue au terme de l'abstraction des dimensions est-elle autre que la matière ?"
Bodéüs, Richard. 1984. "Aux origines de la doctrine aristotélicienne des Catégories." Revue de Philosophie Ancienne no. 2:121-137.
"Les commentateurs anciens d'Aristote avaient l'habitude de justifier le titre des ouvrages du Stagirite qu'ils se proposaient d'expliquer(1). Touchant le court traité des Catégories, certains ont eu soin de noter d'emblée que le terme Κατηγορία n'avait point, en l'occurrence, la signification ordinaire que lui confère la langue du droit ("accusation" ou "chef d'accusation") (2). Mais aucun ne s'est risqué à dire si la signification du même terme dans le langage spécialisé de la logique avait quelque rapport avec celle, d'ailleurs historiquement plus ancienne, que possède le mot dans le vocabulaire judiciaire. Aussi bien n'ont-ils pas, non plus que les modernes à notre connaissance, posé la question de savoir dans quelle mesure la notion aristotélicienne de "catégorie" et, plus généralement, la doctrine des figures de prédication pouvaient être héritées des réflexions que fit naître, en Grèce, la pratique des tribunaux et des cours de justice.
C'est cette question que nous voudrions ici tâcher d'éclairer." (p. 121, note 3 omise)
(1) A ce sujet, voir, en dernier lieu; P. Donini, Le scuole, l'anima, l'impero: la filosofia antica da Antioco a Plotino, Turin, 1982, pp. 54 sqq.
2. Comparez, par exemple: Olympiodore dans CIAG, XII, p. 22; Philopon dans CIAG, XIII, l, p. 12 et Elias dans CIAG, XVIII, p. 127.
CIAG = Commentaria in Aristotelem Graeca.
———. 1995. "Sur l'unité stylistique du texte des Catégories." In Aristotelica Secunda. Mélanges offerts a Christian Rutten, edited by Motte, André and Denooz, Joseph, 141-154. Liège: Université de Liège. Faculté de Philosophie et Lettres.
"Monsieur Christian Rutten a jadis proposé une chronologie relative de différents morceaux découpés dans le texte des Catégories(= C) (1). Mais il a naguère reconnucomme « non négligeables» les arguments de M. Frede en faveur de l'unité de ce texte sur le plan linguistique(2). Il acceptera donc, je l'espère, de considérer les observations que j'avance ici à l'appui de la même thèse.
L'enjeu de celle-ci est la question de savoir si le texte de C, comme on le croit traditionnellement, juxtapose artificiellement l'ébauche d'un traité des « catégories» (chap. 1-9 = CA) et les notes qui constituent les « postprédicaments » (chap. 10-15 = CB) ou bien s'il présente, au contraire, les pièces d'une enquête unitaire, d'abord intitulée Avant les lieux, où entrent, au même titre, les exposés de Ia première et ceux de la seconde partie, de la même façon que dans le répertoire analogue de Métaphysique Λ. En faveur de la seconde hypothèse, il y a précisément le parallélisme des matières principales traitées en C et en Λ 3. Ce parallélisme ne nie pas les différences de toutes sortes, spécialement doctrinales, entre les deux répertoires, mais il établit empiriquement la possibilité que C soit, lui aussi, comme Λ, un répertoire qui unit en série les distinctions de CA et de CB. L'unité stylistique de ces deux parties devrait offrir à cet égard un argument supplémentaire. On l'établira, ci-après, en relevant les ressemblances significatives qu'on peut observer entre CA et CB et qui paraissent opposer leur style commun à celui, différent, de Λ." (pp. 141-142)
(1) Voir Chr. Rutten, Stylométrie des Catégories, in Aristotelica. Mélanges offerts à Marcel De Cane, Bruxelles-Liège, 1985, p. 315-336.
(2) Introduction à Aristote. Categoriae. Index verborum. Listes de fréquence, par B. Colin et Chr. Rutten, Liège, 1993, p. 11, qui renvoie à M. Frede, Titel, Einheit und Echtheit der aristotelischen Kategorienschrifts, in Zweifelhaftes lm Corpus Aristotelicum, Akten des 9. Symposium Aristotelicum, herausgegeben von P. Moraux und J. Wiesner, Berlin-New York, 1983, p. 19-20; étude reprise en anglais dans M. Frede, Essays in Ancient Phylosophy, Minneapolis, 1987, p. 11-28 (spécialement p. 22-23).
(3) Comparez CA, 5 et Λ, 8 ; CA, 6 et Λ, 13 ; CA, 7 et Λ, 15 ; CA, 8 et Λ, 14 ; CB, 10 et Λ, 10 ; CB, 12 et Λ, 11; CB, 15 et ÀΛ, 23.
———. 1996. "En relisant le début des Catégories. L'expression λόγος τς οσίας." Revue des Études Grecques no. 109:709-718.
"Les commentateurs anciens d'Aristote avaient l'habitude de justifier le titre des ouvrages du Stagirite qu'ils se proposaient d'expliquer(1). Touchant le court traité des Catégories, certains ont eu soin de noter d'emblée que le terme κατηγορία n'avait point, en l'occurrence, la signification ordinaire que lui confère la langue du droit ("accusation" ou "chef d'accusation") (2). Mais aucun ne s'est risqué à dire si la signification du même terme dans le langage spécialisé de la logique avait quelque rapport avec celle, d'ailleurs historiquement plus ancienne, que possède le mot dans le vocabulaire judiciaire. Aussi bien n'ont-ils pas, non plus que les modernes à notre connaissance, posé la question de savoir dans quelle mesure la notion aristotélicienne de "catégorie" et, plus généralement, la doctrine des figures de prédication pouvaient être héritées des réflexions que fit naître, en Grèce, la pratique des tribunaux et des cours de justice.
C'est cette question que nous voudrions ici tâcher d'éclairer (3)." (p. 709)
(1) A ce sujet, voir, en dernier lieu; P. Donini, Le scuole, l'anima, l'impero: la filosofia antica da Antioco a Plotino, Turin, 1982, pp. 54 sqq.
(2) Comparez, par exemple: Olympiodore dans CIAG, XII, p. 22; Philopon dans CIAG, XIII, l, p. 12 et Elias dans CIAG, XVIII, p. 127.
(3) Simplicius (Comm. in Cat., 2, pp. 15 - 25), suivi par Ammonios (Comm. in Cat., 14, 1 - 3; 54. 3), déclarait que l'inventeur des catégories n'était pas Aristote, mais Archytas de Tarente. Il ajoutait cependant que l'ordonnance des catégories en système était l'oeuvre d'Aristote. En l'absence de renseignements précis sur l'originalité d'Archytas, nous sommes exposés au risque de prêter au Stagirite des trouvailles dont il
n'a peut-être pas le mérite. Nous tâcherons ici d'éviter l'écueil en considérant principalement la systématisation des catégories en une doctrine et en nous demandant ce que pareille systématisation pourrait devoir à une réflexion sur les pratiques judiciaires.
CIAG = Commentaria in Aristotelem Graeca
———. 1997. "Le texte grec des "Catégories" d'Aristote et le témoignage du Commentaire de Porphyre." Documenti e Studi sulla Tradizione Filosofica Medievale no. 8:121-141.
———. 1997. "Sur un passage corrompu des Catégories d'Aristote." Philologus no. 141:39-45.
"Je voudrais ici tâcher de résoudre un problème épineux que pose l'établissement du texte d'Aristote en Catégories, 5, 2b 3 - 6 et tirer les enseignements que suggère la solution de ce probleme.
Voici le contexte où prend place le passage litigieux que je considère. Ayant distingué la substance de ses accidents (qui sont dans un sujet) et la substance premiere de la substance seconde (qui se dit d'un sujet) , Aristote pose, en 2 a 34-35, la these suivante: «tout le reste ou bien se dit de sujets que sont les substances premieres ou bien se trouvent en elles comme sujets». Cette these étant posée, le philosophe passe ä son illustration ä l'aide de deux exemples, l'un de nature substantielle, l'autre de nature accidentelle (1 a 35-b 3), puis, il conclut. C'est ici que se situe le passage controverse." (p. 39)
———. 1997. "Une glose chrétienne fourvoyée dans le texte des Catégories d'Aristote." Revue des Études Grecques no. 110:627-631.
"Le texte intitulé traditionnellement Catégories, qui fait partie du Corpus Aristotelicum, n'a rien d'un texte théologique. Et s'il y est question de la «substance première» (2 A 11 et sqq.), cette appellation ne vise pas la substance divine ; elle est réservée à toutes les individualités substantielles, par opposition à leurs espèces et à leurs genres, réputés « substances secondes ».
En fait, l'époque hellénistique semble d'abord avoir reconnu dans ce texte un recueil de distinctions à l'usage de la dialectique. Il portait alors le titre Avant les lieux (Τα προ τών τοπών), attesté dans les plus anciens catalogues des oeuvres d'Aristote (Diogène-Laërce, V, 24; Vita Menagiana, n° 57 dans Ar. opera, III, Ed. Ο. Gigon, Berlin, 1987, p. 25 a 8). Encore défendu comme authentique au IIe siècle de notre ère, notamment par Adraste d'Aphrodise et Herminos, ce titre ancien paraît avoir été disqualifié très tôt au profit de l'appellation Catégories, peut-être déjà par Andronicos de Rhodes (Ier siècle avant J.-C.) et ses principaux successeurs, qui placèrent l'ouvrage en question en tête du Corpus.
Cette situation nouvelle entraîna plusieurs conséquences. Passant pour une introduction à la philosophie aristotélicienne, le traité reçut une avalanche de commentaires jusqu'à la fin de l'Antiquité et bien au-delà. D'autre part, l'attention des commentateurs se concentra sur la première partie du texte, la seule où il soit question des quatre principales « catégories » (substance, quantité, relation et qualité), et avec laquelle, selon certains manuscrits médiévaux, s'achève le traité des Catégories (τέλος τών 'Αριστοτέλους κατηγοριών, lit-on, après 11 b 15, dans le Vat. Urbinas 35, le Ven. Marcianus gr. 201 et le Flor. Laurentianus gr. 72,5). Quoique beaucoup plus maigres, des commentaires anciens de la seconde partie sont néanmoins conservés.
Ceux de Dexippe, Ammonios, Simplicius, Philopon, Olympiodore et David (Elias) l'ont été dans des manuscrits indépendants. Certains alternent, dans d'autres manuscrits, avec le texte des Catégories lui-même; on en retrouve aussi la trace sous forme de gloses marginales, dans plusieurs manuscrits (à commencer par Y Urbinas 35), qui transmettent essentiellement le texte des Catégories et où se mêlent d'autres gloses de provenances diverses, que l'on n'a pas encore étudiées en profondeur. Je propose ici d'identifier l'une de ces dernières gloses, qui paraît d'origine chrétienne et qui s'est introduite dans le texte des Catégories, tel que rapporté dans plusieurs manuscrits importants, parce qu'anciens." (p. 627)
———. 2001. "Introduction." In Aristote. [Catégories], XI-CLXXXVII. Paris: Les Belles Lettres.
"D'un point de vue particulier, les « catégories » sont simplement les différents genres d'indications fournies par les imputations que supposent l'attribution à un sujet de son espèce ou de son genre. D'un point de vue universel, les mêmes imputations sont ramenées à l'unité d'un genre nouveau (l'essence), et celles qui peuvent en outre s'attribuer à «autre chose» (c'est-à-dire, le plus souvent, à la substance) apparaissent à titre d'imputations accidentelles. Le point de vue est plus universel parce qu'il introduit une distinction plus générale que la première, faisant apparaître, de façon explicite, que toutes les imputations peuvent être essentielles et, de façon implicite, que toutes, sauf celle qui indique une substance, peuvent être aussi accidentelles. Mais cette nouvelle distinction (de l'essence et de l'accident) n'empêche pas de voir que ce qui fondamentalement distingue les imputations les unes des autres, c'est la nature de l'indication fournie sur un sujet par un prédicable. L'indication d'une qualité, à titre essentiel ou non, se distingue de l'indication d'une quantité, uniquement par la nature des prédicables. Et, à titre essentiel, elle ne se distingue également de l'indication d'une substance qu'en raison de la nature des prédicables en cause.
Par conséquent, on peut légitimement supposer, sans contradiction, deux tables des « catégories », l'une universelle, qui prend en considération le genre des imputations essentielles aux côtés des neuf imputations non essentielles, et l'autre, particulière mais incluse dans la première, qui se borne à considérer les imputations essentielles." (p. LXXXV)
———. 2005. "La substance première dès Catégories à la Métaphysique." In La "Métaphysique"d'Aristote : Perspectives Contemporaines, edited by Narcy, Michel and Tordesillas, Alonso, 131-144. Paris: Vrin.
"L’opinion commune aujourd’hui veut que la Métaphysique (en tout cas. les livres centraux ΖΗΘ) modifie l’ontologie ancienne qu’Aristote aurait défendue dans le traité des Catégories. Cette opinion « génétiste » repose sur deux arguments. D’un côté, la Métaphysique transférerait sur la forme individuelle la primauté sustantielle reconnue par les Catégories au composé individuel ; de l’autre, elle refuserait désormais le statut de substance attribué à l’universel par les Catégories. La théorie des Catégories serait ancienne en ceci qu’elle témoignerait d’une époque où l’individu substantiel n’aurait pas encore été analysé de façon appropriée en forme et matière(2).
L’opinion commune et ses arguments perdent de leur crédit si l’on peut montrer d’abord que l’analyse de l’individu se présente, en fait, de manière identique dans tous les textes incriminés." (pp. 131-132)
(2) « L’analyse des Catégories est antérieure. [...] Aucun des ouvrages inclus dans l’Organon [...] ne mentionne la matière. La raison peut en être (i) qu’Aristote n’y avait pas , encore pensé (sic), ou (ii) qu’il pensait que cela n’avait rien à voir avec les sujets étudiés dans l’Organon. La première explication est probablement (bien qu’elle n’ait rien d’incontestable) préférable » (T. Irwin & G. Fine, Aristotle : Sélections, Translated with Introduction, Notes, and Glossary, Indianapolis-Cambridge, 1995, p. xvi).
Brague, Rémi. 1980. "De la disposition. A propos de DIATHESIS chez Aristote." In Concepts et catégories dans la pensée antique, edited by Aubenque, Pierre, 285-307. Paris: Vrin.
"Le mot diathesis a connu dans l’histoire de la langue et de la pensée grecques, depuis son apparition, probablement chez Antiphon le Sophiste, jusqu’à l’explosion rhétorique, patristique, scientifique, un parcours long et mouvementé. Il ne s’est jamais fixé sur une seule acception technique, et il est resté toujours ouvert sur l’évolution vivante de la langue, dont il a sans cesse reçu de nouvelles spécialisations. S’il est difficile d’en isoler le sens ou les sens proprement philosophique(s) de ses autres acceptions, techniques ou non, il est facile de le traduire : le français « disposition » le décalque assez exactement, et en reprend à peu près tous les aspects. Chez Aristote également, le mot, ainsi que les verbes qui y correspondent, a de multiples sens. Plutôt que d’en rechercher une unité a priori ou que de classer ses différentes acceptions, nous essaierons de parcourir la série de celles-ci en suivant la logique interne du concept." (p. 285)
Brentano, Franz. 1992. Aristote. Les diverses acceptions de l’être. Paris: Vrin.
Traduction française par Pascal David de Von der mannigfachen Bedeutung des Seienden nach Aristoteles (1862).
Présentation. "Cette dissertation légendaire de Franz Brentano (1838-1917), éditée à Fribourg en 1862, prend pour fil conducteur de son interprétation de la « métaphysique » comme science de « l’être en tant qu’être » le leitmotiv : « l’être se dit pluriellement ». Mais quelle en est alors la signification directe et unitaire?
L’ambition de Brentano est de reconstituer une doctrine dont il s’agit à la fois de montrer et de sauver la conhérence. Le primat accordé à l’acceptation catégoriale de l’être amène à restituer un « arbre généalogique » des catégories dont le chatoiement correspond strictement à la diversité des modes de prédication de la « substance première ». Même si la question reste posée de savoir si la plurivocité de l’être se ramène essentiellement à la diversité catégoriale, ou si, au contraire, les catégories n’illustrent qu’une pluralité restreinte, au sein d’une acceptation de l’être dont elles déclinent les « modalités » ou les « figures », mais dont rien ne dit qu’elle serait souveraine, cette magistrale initiation demeure un jalon incontournable dans l’histoire de la réappropriation moderne d’Aristote et du problème que pose la constitution d’une ontologie."
Brière, Véronique, and Lemaire, Juliette, eds. 2019. Qu'est-ce qu'une catégorie? Interprétations d'Aristote. Louvain-la-Neuve: Peeters.
Table des matières : Véronique Brière : Présentation 1; Leone Gazziero : οἰκείως τῇ λογικῇ πραγματείᾳ (Simplicii in Aristotelis categorias commentarium, 12.11). Contraintes disciplinaires – anciennes et modernes – de l’interprétation logique des Catégories d’Aristote 9; Francis Wolff : Des genres de la prédication aux genres de l’être 59; Annick Jaulin : L’usage aristotélicien des catégories dans la Métaphysique 81; Stephen Menn : Métaphysique, Dialectique et traité des Catégories 99; Richard Bodéüs : La postériorité des relatifs selon Aristote 131; Maddalena Bonelli : Les relatifs dans les Catégories d’Aristote 149; Jonathan Barnes : Syllogistique et classification des prédicats 169; Véronique Brière : Catégories et enjeux du skhêma dans les Réfutations sophistiques 191; Jean Baptiste Gourinat : Les stoïciens et les catégories d’Aristote 231; Valérie Cordonier : Problématique passion : les catégories du changement selon Alexandre d’Aphrodise 261; Annexe : traduction de la Question I, 21 313; Philippe Hoffmann : Les analyses de l’énoncé : catégories et parties du discours selon les commentateurs néoplatoniciens 315; Juliette Lemaire : Vers les catégories et au-delà. Porphyre et les catégories 363; Bibliographie 379-399.
"L’objet de ce volume n’est pas le traité des Catégories en tant que tel, pas plus qu’il ne s’agit de discuter des traductions en tant que telles ; nous souhaitions tenter de synthétiser, à partir de quelques-une des lectures actuelles les plus pertinentes, les perspectives sur des questions de fond, touchant en particulier à la cohérence et à l’unité potentielle des analyses et des usages aristotéliciens de la kategoria : par l’interprétation des liens et des continuités entre les différents textes, au gré de l’écho donné par les lectures anciennes qui ont voulu prendre la mesure de ce concept aristotélicien (par les néoplatoniciens et les stoïciens), les études rassemblées ici illustrent la profondeur même de la doctrine des catégories, en reconnaissant aussi bien une identité formelle, une certaine permanence de l’objet kategoria et de son contenu, que la diversité même des styles d’approche ou des usages de la notion par Aristote." (p. 4)
Brunschwig, Jacques. 1969. "La proposition particulière et les preuves de non-concluance chez Aristote." Cahiers pour l'Analyse no. 10:3-26.
Repris dans Albert Menne, Niels Öffenberger (Hrsg.), Über den Folgerungsbegriff in der aristotelischen Logik, Hildesheim: Georg Olms, 1982, pp. 182-205.
"Je me propose ici d' étudier une incidence particulière avec quelque détail: le problème que posent le sens et l'usage de la proposition particulière, notamment en rapport avec le rôle qu'elle joue dans les procédures par lesquelles est démontrée la non-concluance des couples de prémisses autres que ceux des modes syllogistiques valides. J'espère en effet montrer que les textes relatifs à ces questions manifestent une modification significative de l'attitude d'Aristote, et qu'ils permettent de saisir sur le vif le travail du logicien, d'abord victime des équivoques du langage naturel, prenant ensuite de ces équivoques une conscience progressive, sous la poussée interne des problèmes eux-mêmes, et parvenant enfin à les maîtriser. Au terme de cette évolution, la proposition particulière abandonne celles de ses connotations usuelles qui perturbent son maniement logique, et n'est plus définie que par sa place dans un système d'oppositions, avec toutes les conséquences que cela comporte." (p. 5)
Caujolle-Zaslawsky, Françoise. 1980. "Les relatifs dans les Catégories." In Concepts et catégories dans la pensée antique, edited by Aubenque, Pierre, 167-195. Paris: Vrin.
"La présente étude des relatifs (τά προς τι) porte exclusivement sur les Catégories, notre intention étant de souligner que la recherche menée dans ce traité a un caractère propre et distinct, caractère dont l’originalité semble échapper aux commentateurs qui ont lu les Catégories à la lumière de la Métaphysique.
1. La question de l'ordre des catégories. Le point de vue logique.
Les relatifs n’occupent pas toujours la même place dans l’énumération des catégories : on les trouve — notamment — tantôt avant et tantôt après la qualité. Ainsi, par exemple, dans la liste du début des Catégories (1b 25 sqq.), ils sont précédés par la substance, la quantité et la qualité, alors que dans le corps de l’ouvrage ils sont étudiés avant la qualité, tout de suite après la quantité ; l’ordre initialement indiqué n’étant d’ailleurs pas mieux respecté pour les catégories restantes : en fin de compte, seules les deux premières catégories de la liste (substance et quantité) conserveront leur rang initial. Dans les autres ouvrages, les relatifs sont promenés de la cinquième place de la table jusqu’à la première elle-même, suivant les circonstances. C’est en quatrième position, toutefois — après la substance, la quantité et la qualité (ou la qualité et la quantité), qu’ils figurent le plus souvent dans les textes (énumérations simples ou analyses de détail)." (p. 167)
Colin, Bernard, and Rutten, Christian. 1994. Aristote. Categoriae. Index Verborum. Liste De Fréquence. Liège: Centre Informatique de Philosophie et Lettres.
Côté, André. 1964. "Le nombre des catégories aristotéliciennes." Laval théologique et philosophique no. 29:165-175.
"Il nous est parvenu d ’Aristote un petit traité de logique(2) dont l’unique but, semble-t-il, est de vouloir ramener toutes choses à l’une ou l’autre de dix catégories. L’usage constant que fait l’auteur des noms de ces catégories dans tous ses autres traités n’est pas sans suggérer qu’il serait tout à fait impossible de faire oeuvre de science telle que l’entend Aristote sans l’aide de ces catégories. Or, l’on est forcé de noter que l’énumération qu’il en fait lui-même en plusieurs traités différents n’est pas toujours la même : en fait, et le nombre et l’ordre des choses énumérées varient.
La chose n’a pas été sans attirer l’attention de nombreux successeurs d ’Aristote, et, disciples comme critiques lui ont le plus souvent accordé un intérêt qui dépassait la simple curiosité. Mais les explications
proposées par les uns ou les autres n’ont pas toujours touché, à notre avis, le fond du problème qui nous apparaît comme étant strictement d’ordre logique. Il semble donc que toute solution éventuelle du problème tel que posé devrait s’appuyer sur les réponses aux deux questions préliminaires suivantes, à savoir : quel est le rôle précis que jouent les Catégories dans l’ensemble de la logique aristotélicienne; et, est-il possible de démontrer, d’une preuve proprement logique, le nombre de ces catégories ?
Nous nous limiterons ici à suggérer une réponse à ces deux questions, réponse que nous croyons se rattacher à une certaine tradition logique à laquelle nous aimerions associer les noms de Porphyre, Boèce et Albert le Grand en particulier." (p. 165, une note omise)
(2) Aristote, Organon, I Catégories, Nouvelle traduction et notes par J. Tricot, aris, Vrin, 1946.
Couloubaritsis, Lambros. 1986. "Legomenon et Katégoroumenon chez Aristote." In Philosophie du langage et grammaire dans l'Antiquité, 219-238. Bruxelles: Ousia.
Courtine, Jean-François. 2004. "La question des catégories : le débat entre Trendelenburg et Bonitz." In Aristote au XIX siècle, edited by Thouard, Denis, 63-80. Villeneuve d'Ascq: Presses Unversitaires du Septentrion.
"La critique de Bonitz
Le petit traité de Hermann Bonitz (Über die Kategorien des Aristoteles,1853) trouve son point de départ dans une confrontation critique explicite avec Trendelenburg; «l’objet de la recherche et la nécessité d’un débat critique explicite avec Adolf Trendelenburg», telle est l’ouverture du traité où l’auteur déclarait d’emblée : « Je ne peux pas être d’accord, sur des points essentiels, avec les résultats que présente Trendelenburg». Ce que Bonitz se propose donc d’étudier, en «philologue», c’est le sens qu’avait la doctrine des catégories, «pour Aristote lui-même», ainsi que la place et lu fonction de cette doctrine dans la « structure globale » de sa pensée. C'est seulement après que ce point de départ aura été solidement assuré quil deviendra ensuite possible de s’interroger sur l’évolution de la problématique et ses transformations éventuelles à travers les époques (44).
Ainsi, même si Bonitz partage avec Trendelenburg certains présupposée communs : l’importance du «retour» à Aristote en particulier, et s’il peut faire siennes les déclarations de Trendelenburg dans les Logische Untersuchungen, que nous avons rappelées ; s’il est, lui aussi, soucieux de proposer une nouvelle articulation philosophique et philologique, anti-idéaliste (en sens postkantien), il entend pourtant et d’emblée « défendre un point de vue différent », en s’attachant à ces deux questions directrices :
1) Quelle est la signification des catégories pour Aristote ?
2) Comment Aristote est-il parvenu à établir cette table des catégories ?" (p. 74)
(...)
"Et s'il faut accorder à H. Bonitz que les catégories aristotéliciennes sont bien des catégories de l’être, qu’elles renvoient au «tout de l’expérience», à «ce qui est», cette référence (Bezug, Bedeutung), parfaitement reconnue par Trendelenburg, n’est elle-même possible, dans le registre du traité Catégories, qu’en raison de l’entrelacement entre «dire et être», ou mieux encore rt plus précisément, parce que ce qui se dit est aussi et du même coup ce qui est dit des étants (conformément aux deux acceptions, indissociables, du verbe λέγεσθαι)." (p. 77)
Crubelllier, Michel. 2015. "Domestiquer l’excès de l’être. La catégorie des relatifs entre Platon et Aristote." Quaestio. Journal of the History of Metaphysics no. 13:3-15.
"A l’intérieur du corpus aristotélicien, la notion des relatifs (pros ti) est présente dans deux types de contextes sensiblement différents :
(I) Des contextes dialectiques, et plus précisément topiques, c’est-à-dire des contextes qui concernent la pratique de l’argumentation : des prédicats sont examinés dans la perspective de leur utilité pour construire des arguments. J’appelle « propriétés topiques » les propriétés qui concernent la recherche des arguments ; ce sont des propriétés du prédicat en tant que prédicat. Par exemple, puisque les relatifs admettent des contraires(1) et qu’ils admettent le plus et le moins(2), ils pourront être utilisés pour argumenter a contrario ou a fortiori.
Les deux principaux passages pertinents sont le chapitre 7 et le chapitre 10 des Catégories. Dans ces occurrences, il est intéressant de noter que les relatifs posent manifestement des problèmes de délimitation : ils figurent notamment dans la plupart des « cas de catégorisation litigieuse », c’est-à-dire les cas où un même terme semble pouvoir être rangé dans (au moins) deux catégories différentes(3).
(...)
(II) Des contextes métaphysiques, dans lesquels Aristote souligne le peu de consistance ontologique et la position en quelque sorte marginale des objets qui relèvent de la catégorie des relatifs.
Outre la notice de Métaphysique Δ 15 spécifiquement consacrée à la notion du pros ti, les principaux passages pertinents se trouvent dans des discussions tournées contre Platon et l’ancienne Académie, et tendent à souligner le peu de consistance ontologique et la position en quelque sorte marginale des objets qui relèvent de la catégorie des relatifs(6)." (pp. 3-4)
(1) Aristote, Catégories, 7, 6b15-19.
(2) Aristote, Catégories, 7, 6b19-27.
(3) L’expression « catégorisation litigieuse » est de F. Ildefonse et J. Lallot, qui parlent aussi de « chevauchement de catégories ». Voir F. Ildefonse / J. Lallot, Aristote : Catégories, présentation, traduction et commentaires, Le Seuil, Paris 2002, pp. 162-178, pour un inventaire et une discussion approfondie de ces cas.
(6) Il faut rattacher à cette liste différents contextes physiques, dans lesquels la caractérisation d’un objet ou d’un phénomène comme un relatif vise à diminuer ou à rejeter entièrement sa réalité et sa valeur explicative. Un passage typique est celui de Physique, V, 2, cité plus loin (cf. infra, p. 13 ).
Delamarre, Alexandre J.L. 1980. "La notion de πτῶσις chez Aristote et les Stoïciens." In Concepts et Catégories dans la pensée antique, edited by Aubenque, Pierre, 321-346. Paris: Vrin.
"Lorsque Denys le Thrace, disciple d’Aristarque, définit la grammaire comme « l’étude empirique de l’usage le plus courant de la langue chez les poètes et les prosateurs », il apparaît encore comme un philologue attaché à l’examen des textes. Mais son ouvrage lui-même, un petit opuscule qui porte précisément le titre de Grammaire, est en fait la première grammaire de l’histoire, et l’origine de toutes les grammaires postérieures(1). Traduite, transposée, adaptée, elle domine la théorie occidentale de la langue, et nous la retrouvons dans les manuels des écoliers. Que contient cet opuscule? Une division et une définition systématiques des principales catégories grammaticales. Les éléments : voyelles, semi-voyelles, consonnes ; les diphtongues, les muettes, les aspirées, les liquides, l’accent; les parties du discours, au nombre de huit (§ 13) : le nom, le verbe, le participe, l’article, le pronom, la préposition, l’adverbe, et enfin la conjonction. On remarque que, presque à chaque fois, le terme français semble être, plus encore que la traduction, la transcription exacte, par l’intermédiaire du latin, du terme grec original. Ainsi, par exemple, le participe, μετοχή, qui participe de la propriété des noms comme de celle des verbes. Cependant, nous ne nous interrogerons pas sur ce passage du grec au latin, et sur les effets qui en sont résultés. Nous voudrions au contraire remonter au-delà de la grammaire elle-même, pour déterminer l’origine prégrammaticale d’une de ses catégories." (p. 321)
(1) Sur ces problèmes, voir Steinthal, Geschichte der Sprachwissenschaft, II. [1863].
Delcomminette, Sylvain. 2009. "Catégories. prédication et relation." Anais de Filosoifa Clássica no. 3:30-49.
Résumé : "Contre les interprétations qui voient dans les catégories d’Aristote des notions primordialement métaphysiques, le présent article cherche à montrer que l’origine des catégories se situe dans la théorie logico-linguistique de la prédication telle qu’elle s’élabore en particulier dans le De Interpretatione. Pour ce faire, il se concentre sur le chapitre 9 du premier livre des Topiques et en dégage la notion de fonction prédicative, qui s’avère la plus apte à rendre compte de la signification des catégories aristotéliciennes et permet de comprendre en quoi celles-ci peuvent être caractérisées aussi bien comme des genres de prédications que comme des genres de prédicats ou encore des genres de l’être. Les catégories ainsi conçues ont pour rôle principal de structurer l’expérience pour la transformer en objet de science possible."
Denooz, Joseph. 1996. "L'étendue du lexique chez Aristote." In Aristotelica Secunda. Mélanges offerts a Christian Rutten, edited by Motte, André and Denooz, Joseph, 81-90. Liège: Université de Liège. Faculté de Philosophie et Lettres.
"Pour ce volume d'hommage, nous avons choisi un sujet qui s'inscrit dans la ligne des études stylométriques que le Professeur Christian Rutten a consacrées au Stagirite: il s'agit d'une enquête comparative sur la diversité du vocabulaire chezquelques auteurs grecs." (p. 81)
(...)
"Dans les tableaux que nous présentons ci-dessous, nous ne prendrons en compte que trois données, à savoir la longueur du texte exprimée en nombre de mots-formes, le nombre de vocables et la moyenne d'emploi de chaque vocable. Cette dernière se calcule, pour un texte donné, en divisant le nombre de mots-formes par le nombre total de vocables.
À partir du nombre de mots-formes que nous désignerons par n, du nombre de vocables symbolisé par v et de la moyenne d'emploi représentée par m, on peut considérer comme l'a proposé Ch. Muller(2) que le vocabulaire de l'oeuvre x est plus riche que le vocabulaire de l' oeuvre y si vx > vy et nx < ny." (p. 82)
(...)
"Les valeurs observées pour le Stagirite montrent que, dans la Métaphysique et la Physique, le vocabulaire est plus pauvre que dans le De partibus animalium.
De même, le lexique des Catégories est moins étendu que celui de la Poétique : la différence entre ces deux oeuvres est nettement marquée puisque la Poétique, avec 154 mots-formes de moins que les Catégories, contient à peu près exactement le double de vocables (640-1241).
La moyenne d'emploi du De anima (15,82) comparée à celle des Catégories (16,37) montre que le vocabulaire du premier est plus riche, étant donné les valeurs de n et de v pour ces deux oeuvres. De même, le lexique est plus étendu dans le De partibus animalium que dans les Catégories." (pp. 84-85)
Derrida, Jacques. 1971. "Le supplément de copule. La philosophie devant la linguistique." Langages:14-39.
Repris dans J. Derrtida, Marges de la philosophie, Paris: Éditions de Minuit 1972, pp. 211-246.
"Si, à partir de l'opposition, naïvement reçue, entre langue et parole, langue et discours, on tentait d'élaborer une théorie du discours philosophique, il serait difficile de contourner la question classique: le discours philosophique est-il réglé — jusqu'à quel point et selon quelles modalités — par les contraintes de la langue ? En d'autres termes, si nous considérons l'histoire de la philosophie comme un grand discours, une puissante chaîne discursive, ne plonge-t-elle pas dans une réserve de langue, réserve systématique d'une lexicologie, d'une grammaire, d'un ensemble de signes et de valeurs ? Dès lors n'est-elle pas limitée par les ressources et l'organisation de cette réserve ?
Comment déterminer cette langue de la philosophie ? Est-ce une « langue naturelle » ou une famille de langues naturelles (grec, latin, germain, indo-européen, etc. ) ? Est-ce plutôt un code formel élaboré à partir de ces langues naturelles ? Ces questions ont une vieille histoire, elles remontent sans doute à l'origine de la philosophie elle-même. Mais on ne pourrait les ré-élaborer sans transformer ou déplacer les couples de concepts qui la constituent." (p. 211)
(...)
"Au lieu de suivre cette immense problématique en pleine mer, si l'on peut dire, peut-être vaut-il mieux, étant donné les exigences et les limites de cet essai, partir ici des propositions d'un linguiste moderne. On sait que Benveniste a analysé dans « Catégories de pensée et catégories de langue » (6) les contraintes par lesquelles la langue grecque limiterait le système des catégories aristotéliciennes.
Ses propositions font partie d'un ensemble stratifié; il ne selimite pas au texte qui en énonce directement la thèse. Nous devrons en tenir compte le moment venu. Cette thèse, d'autre part, a déjà rencontré des objections de type philosophique(7) qui forment donc avec elle un débat dont l'élaboration nous sera précieuse.
Voici d'abord la thèse: « Or, il nous semble — et nous essaierons de montrer — que ces distinctions sont d'abord des catégories de langue, et qu'en fait Aristote, raisonnant d'une manière absolue, retrouve simplement certaines des catégories fondamentales de la langue dans laquelle il pense » (p. 66).
(...)
(6) 1958, repris in Problèmes de linguistique générale, éd. Gallimard, 1966, p. 63.
(7) Cf. P. Aubenque, « Aristote et le langage, note annexe sur les catégories d'Aristote. A propos d'un article de M. Benveniste », in Annales de la faculté des lettres d'Aix, t. XLIII, 1965, et J. Vuillemin, De la logique à la théologie, Cinq études sur Aristote, Flammarion, 1967, p. 75 sq.
Dorion, Lous-André, ed. 1995. Aristote. Les réfutations sophistiques. Paris: Vrin.
"Les interprètes d’Aristote ne se sont semble-t-il pas avisés que ce passage [*] constitue un démenti formel d’une thèse qui connut naguère un certain retentissement, à savoir celle où Benveniste (1958) affirme que les catégories aristotéliciennes ne sont en fait que la transposition inconsciente des catégories de la langue grecque. […]. En présence de trois verbes qui ont manifestement tous le même type de signifiant (ὑγιαίνειν, τέμνειν et οἰκοδομεῖν), soit un signifiant caractéristique des verbes à l’actif, Aristote nous met en garde contre la tentation de les considérer tous trois comme des “actions”. En effet, le verbe ὑγιαίνειν n’est pas une action, et ce en dépit du fait que son signifiant est habituellement la marque distinctive des verbes qui expriment une action. Ce passage fournit donc un exemple d’un cas où Aristote établit une distinction entre des mots dont les signifiants semblent attester l’appartenance à une même catégorie linguistique. […]. Les considérations d’ordre purement linguistique ne suffisent donc pas à expliquer pourquoi les verbes ὑγιαίνειν et νοσεῖν ont été rangés sous la catégorie de la disposition. La décision du Stagirite de ne pas considérer ὑγιαίνειν comme une action prouve, s’il en était besoin, que les catégories ne sont pas le décalque inconscient des catégories de langue » (pp. 230-231)
[*] Aristoteles Topica et sophistici elenchi, W. D. Ross (éd.), Oxford, Clarendon Press, 1958, 4, 166b 18-21: οϊον τό ύγιαίνειν ομοίως τω σχήματι τής λέξεως λέγεται τω τέμνειν ή οίκοδομεΐν· καίτοι τό μεν ποιόν τι κα'ι διακείμενον πως δηλοϊ, τό δέ ποιεΐν τι. τον αύτόν δέ τρόπον καί έπΐ τών άλλων. (En effet, il est possible de signifier par l’expression ce qui ne relève pas des actions comme une des actions; par exemple « être en bonne santé » est dit de la même façon par a forme de l’expression que « couper » ou « construire »; cependant le premier montre une qualité et un certain état, alors que les autres montrent une action. Et en va de même pour les autres cas.]
Duhot, Jean-Joël. 1994. "L'authenticité des Catégories." Revue de Philosophie Ancienne no. 12:109-124.
"L'authenticité des Catégories d'Aristote, qui n'avait fait l'objet d'aucune suspicion pour les Grecs(1), a commencé à être mise en cause au début de ce siècle. Jaeger, A. et S. Mansion, arguant de la singularité de la doctrine de la substance que présente l'opuscule, inclinaient à ne pas y voir la main du Stagirite(2). Reprenant les deux séries d'arguments, B. Dumoulin reconnaît ne pas pouvoir trancher la question(3). En revanche, d'un tout autre point de vue, la stylométrie, C. Rutten se montre favorable à l'authenticité(4). Nous nous proposons d'aborder ce problème à travers un autre critère, qui nous semble permettre l'authentifïcation de l'opuscule : l'origine même du terme de catégorie. Le concept titre de l'opuscule a suscité bien des interrogations. On a dépensé beaucoup d'habileté à essayer d'établir des relations entre les sens philosophique et judiciaire (accusation) du terme. Plutôt que de rapprocher catégorie et accusation, ce qui peut donner lieu à des subtilités gratuites, il semble opportun d'examiner le texte d'Aristote." (p. 100)
(1) Nous ne tenons pas compte ici des cinq derniers chapitres, ou Postprédicaments, déjà mis en doute par les Anciens.
(2) S. Mansion, "La première doctrine de la substance: la substance selon Aristote", et "La doctrine aristotélicienne de la substance et le traité des catégories", recueillis dans Études aristotéliciennes, Louvain, 1984, pp. 282 - 303, et 305 - 308; Le jugement d'existence chez Aristote, Louvain, 1976, n. 94.
(3) "Sur l'authenticité des Catégories d'Aristote", Concepts et catégories, Paris, 1980, pp. 22 - 32.
(4) "Stylométrie des Catégories", in Aristotelica, Bruxelles-Liège, 1985, pp. 315 - 329."
Dumoulin, Bertrand. 1980. "Sur l'authenticité des Catégories d'Aristote." In Concepts et catégories dans la pensée antique, edited by Aubenque, Pierre, 23-32. Paris: Vrin.
"L’ouvrage intitulé Catégories, généralement attribué à Aristote, témoignerait, selon Werner Jaeger, d’une «inversion nominaliste»(1) de la doctrine propre au Stagirite. Il caractériserait, selon le même historien, « la période de naturalisme et d’empirisme qui a marqué le Lycée après la mort d’Aristote »(2). Si on prend à la lettre l’expression de Jaeger, dans la proposition « Socrate est un homme », les Catégories voient en Socrate la substance première et dans homme la substance seconde, alors que dans la perspective d’Aristote, homme serait au contraire la substance première, et Socrate la substance seconde !"
(...)
"S. Mansion défendait une position presque aussi radicale : «le traité des Catégories doit-il être tenu pour un ouvrage de jeunesse d’Aristote? a-t-il été écrit par un de ses disciples? ou par un Académicien de cette époque? Il paraît sûr en tout cas que l’opuscule ne reflète pas la pensée du Stagirite arrivée à sa maturité et cela nous justifie d’avoir négligé le contenu du traité pour notre exposé sur la substance aristotélicienne.»(3)
Disons tout de suite que nous n’allons pas chercher à résoudre en lui-même et dans son ampleur le problème de l’authenticité des Catégories. Occupé présentement à l’analyse génétique de la Métaphysique d’Aristote, nous voudrions seulement montrer le caractère inacceptable du jugement cité de W. Jaeger, et le caractère excessif de certaines formules de A. Mansion (selon qui le traité des Catégories « couvre des conceptions qui ne sont guère conciliables avec celles de la Métaphysique »(4). Nous aboutirons cependant à des conclusions de fond et de méthode voisines de celles que nous venons de citer sous la plume de S. Mansion...
W. Jaeger et A. Mansion semblent considérer que, mises à part les Catégories, il existe chez Aristote une doctrine uniforme de la substance, et que les Catégories sont aberrantes par rapport à cette doctrine. Il importe donc de montrer l’évolution de la doctrine aristotélicienne de la substance." (pp. 23-24)
(1) « Die nominalistische Umkehrung der aristotelischen Lehre von der ersten und zweiten οὐσία in der Kategorienschrift lässt sich nicht wegraümen oder -denken », W. Jaeger, Aristoteles, Grundlegung einer Geschichte seiner Entwicklung, Berlin, 1923, p. 45, n. 1 ; nous citerons sous le titre Aristotle la trad. angl., 1934, ici p. 46, n. 3.
(2) Jaeger, Aristotle, même page.
(3) S. Mansion, Le jugement d'existence chez Aristote, Louvain, 1946, p. 233, n. 61.
« Les suspicions que nous avons élevées contre l’authenticité des Catégories n’ont pas réussi à ébranler l’opinion traditionnelle à leur sujet », reconnaît l’auteur dans une longue note, assortie d’une bibliographie, ajoutée à la réédition de son livre, mais elle réaffirme et précise sa position de 1946 (voir Le jug. d'exist. chez Ar., Louvain, 1976, note 94, p. 351-354).
———. 1983. "L'ousia dans les Catégories et dans la Métaphysique." In Zweifelhaftes im Corpus Aristotelicum. Studien zu einigen Dubia. Akten des 9. Symposium Aristotelicum, Berlin, 7-16 September 1981, edited by Moraux, Paul and Wiesner, Jürgen, 57-72. Berlin: Walter de Gruyter.
"Je tiens d’abord à dire que je ne suis pas un spécialiste du traite des Catégories, ni de la logique d’Aristote en général. Mon travail a jusqu’ici porté sur les Ethiques, sur le premier Aristote, et sur la Métaphysique; je cherche à reprendre à nouveaux frais l’entreprise illustrée par l’Aristoteles de Werner Jaeger, car cet historien me paraît avoir mêlé des confusions dommageables à des intuitions profondes. C’est mon essai d’une analyse génétique de la Métaphysique [*] qui m’a donné la conviction que le traité des Catégories n’était pas l’oeuvre d’Aristote, mais celle d’un disciple plus ou moins éloigné. L’aimable insistance de P. Moraux m’amène aujourd’hui à tenter de vous faire partager cette conviction." (p. 57)
(...)
"L’originalité de mon propos consistera donc à tenter de résoudre le problème de l’authenticité des Catégories en situant ce traité dans la courbe évolutive de l’ousiologie d’Aristote. Pour ce faire, je vais surtout m’attacher à des textes dont l’authenticité n’est pas contestée (par exemple, je ne ferai guère usage du livre K de la Métaphysique) (3).
Pour retracer les grandes lignes de la doctrine aristotélicienne de l’ousia, je commencerai par quelques remarques sur les Topiques (I). Je considérerai ensuite les chapitres 9 et 10 du livre M de la Métaphysique (II), puis je résumerai la doctrine du livre Z de la Métaphysique (III). J’en viendrai alors au point névralgique de mon exposé, qui consistera dans une comparaison entre l’ousiologie des Catégories et celle de Métaphysique M 9 - 10 (IV). Une remarque de méthode pour terminer cette introduction: l’analyse génétique n’a des chances d’être concluante que si elle s’appuie sur l’examen du vocabulaire avant de rechercher l’enchaînement chronologique des idées." (p. 58)
[* Recherches sur le premier Aristote, Paris: Vrin 1981.]
Dupréel, Eugène. 1909. "Aristote et le traité des Catégories." Archiv für Geschichte der Philosophie no. 22:230-251.
"La question de savoir si l'écrit intitulé Κατηγορίαι est ou n'est pas l'oeuvre d'Aristote, après avoir été débattue déjà dans l'Antiquite, s'est posée de nouveau des que l'etude critique de laristotelisme a été remise en honneur. Spengel, Valentin Rose et Prantl(1) furent les premiers adversaires modernes de l'authenticité du traité des Categories.
Je dirai tout de suite que ces auteurs me paraissent avoir justifié leur thèse, bien qu'un certain nombre de leurs arguments se trouvent être sans valeur : mais la majorité des savants n'en a pas jugé ainsi, et la thèse classique de l'authenticité du Traité, profitant d'une reaction qui dure encore contre le radicalisme critique, a trouve plus de defenseurs que d' adversaires. Zeller(2) a rallié a l'opinion traditionnelle la plupart des savants qui ont formulé leur avis sur la question, et recemment Gomperz(3), traitant de l'activité scientifique d'Aristote, a pris le traité des Categories comme point de départ et comme base de son exposé." (p. 230)
Fortis, Jean-Michel. 2024. "Trendelenburg, Adolf. 2023. Doctrine des catégories d’Aristote. Présentation, annotation et traduction par Patrick Cerutti & Emanuele Mariani." Histoire Épistémologie Langage no. 46:189-199.
"Cet ouvrage nous propose la première traduction française d’une partie de la Geschichte der Kategorienlehre [Histoire de la théorie des catégories], 1846, d’Adolf Trendelenburg (1802-1872), celle consacrée aux catégories d’Aristote. Le texte original est divisé en deux traités. Le premier, intitulé Aristoteles Kategorienlehre, occupe plus de la moitié du livre. Le second traité, Die Kategorienlehre in der Geschichte der Philosophie, est une histoire globale des catégories, depuis les Présocratiques jusqu’à Fichte et à Trendelenburg lui-même. Le présent ouvrage ontient la traduction de l’Aristoteles Kategorienlehre ainsi que la partie du second
traité où sont résumés les acquis du premier." (p. 189)